Veille

Après plusieurs mois de réflexions, d'échanges et de mûrissement, la Jeune Chambre de Commerce de Montréal (JCCM) dévoile et partage enfin le résultat d'une démarche entamée le 29 avril 2013 – ID-JCCM : Repenser et recréer Montréal. L'objectif de ce document: faire état de la vision des jeunes professionnels quant au devenir de Montréal et demander aux candidats à la mairie de se positionner quant à leurs idées. Un programme ambitieux résultant d'une démarche rigoureuse. 

Dans ce contexte, comme l'écrivent les auteurs du rapport, "plusieurs enjeux", au nombre de neuf, "ont été analysés […] à travers une série d'exercices et d'ateliers créatifs favorisant le brainstorming productif et la recherche de solutions". Ces ateliers, co-conçus par f. & co et le directeur d'ID-JCCM, Olivier Pellerin, s'inscrivent dans le cadre de notre mission de redéfinition des modes de collaboration, notamment à la lumière des enjeux de participation citoyenne et de contribution au devenir politique collectif des sociétés. Nous en avions rendu compte, ici. 

En bref, le rapport fait état d'un constat important quant à l'aspect générationnel de ses conclusions. Certes, comme l'écrivent les auteurs, "la génération actuelle des jeunes professionnels n'a chronologiquement pas vécu les grands projets mobilisateurs tels que l'Expo67 ou les Jeux olympiques de 1976. Ces événements historiques, bien que présents dans l'imaginaire et le patrimoine de la ville, ne constituent pas des références identitaires fortes sur lesquelles notre génération construit sa vision". Dans le même ordre d'idées, la jeune communauté d'affaires réfère très peu aux lieux identitaires que sont la ville souterraine ou le métro de Montréal, vestiges désuets d'un "progressisme" qui n'ont pas su évoluer avec leur époque. Enfin, cette génération "perçoit le multiculturalisme, le bilinguisme et la grande diversité montréalaise comme des attributs sur lesquels Montréal se doit de miser", ce qui à la lumière du climat politique délétère actuel, constitue une posture courageuse. 

Ceci dit, une fois ces distinctions importantes signalées, le rapport fait état de nombreuses "idées émergentes" en fonction des neuf pôles retenus – "mobilité", "arts et culture", "gouvernance, affaires et économie", "éducation et savoir", "famille et société", "environnement", "urbanisme, architecture et design", "ville virtuelle et technologique" et enfin, "attractivité et rayonnement international". 

Certaines de ces idées nous ont semblées plus marquantes, comme par exemple l'électrification ou l'accessibilité 24h du réseau de transport, et ce du nord au sud de la couronne montréalaise, et avec Wi-Fi si possible (!). Ces idées renvoient à la volonté, très présente dans le rapport, d'entamer un mouvement de décentralisation des actions, des actifs et des sensibilités montréalaises vers ses quartiers. Renforcer la ville centre tout en déléguant aux agglomérations et villes voisines les pouvoirs nécessaires pour que la culture et la citoyenneté puissent être vécues pleinement, en dehors du monopole qu'exerce le Quartier des spectacles et de ses grands rendez-vous. 

Il se dégage de ces réflexions l'absence actuelle de projets fédérateurs pour la métropole et ses jeunes citoyens. Forts du soutien (démographique) des générations antérieures, la dynamique politique actuelle, au niveau municipal, provincial et fédéral, s'effectue souvent à l'encontre des jeunes et de leurs valeurs. Aucun projet de société majeur ne semble en voie de fédérer les énergies vives qui pourtant, ne demandent qu'à être mis à profit de telles constructions collectives : où sont donc les grands projets d'architecture symbolique (le pont Champlain? l'échangeur Turcot? Que du béton!), l'ouverture des données publiques, le développement de l'agriculture urbaine ou les initiatives de villes intelligentes? 

Le développement "durable" de nos sociétés implique des changements majeurs à très court terme qui vont requérir du courage et de l'engagement de la part du prochain maire, quel qu'il soit. Face à cette adversité – car ces changements ne seront pas facile -, il trouvera du côté de la JCCM un allié, et en ses membres, de précieux contributeurs à la définition d'une ville nouvelle, ambitieuse et tournée vers l'avenir.

[Lisez le rapport]

Notons qu'Aline Massouh, Geneviève Dupuis et Marie-Josée Lareau étaient également présents à cette activité importante. Nous les remercions de leur contribution inestimable au succès de cette activité.